Présentation des 4 principaux projets de réintroduction de Testudo Hermanni Hermanni en Espagne
L’Espagne est un des pays d’Europe qui a eu l’ambition d’établir des programmes de sauvegarde de la tortue d’Hermann en créant des réserves naturelles, tous ces projets sont soutenus par le gouvernement de catalogne, la Caixa Laietana, le Ministère de l’Agriculture, de l’Environnement et Territoire du gouvernement des Baléares, et le CRARC.
La Catalogne et le Pays valencien, sont les seuls territoires de la Péninsule Ibérique qui ont des populations de Testudo Hermanni Hermanni, qui se concentrent sur six zones naturelles protégées: le Parc Naturel du Garraf, la Réserve Naturelle du Delta del Ebre, le Site Naturel du Albera, le parc naturel de la Sierra de Irta, la Sierra de Llaberia et le parc naturel de Montsant.
Nous vous invitons à découvrir 4 de ces projets dont le plus ancien a été mis en place dans les années 80.
1/ÉVOLUTION DE LA POPULATION RÉTRO-INTRODUCTIVE DES TORTUES MÉDITERRANÉENNES AU PARC GARRAF
SOMMAIRE :
Un premier bilan des dix premières années du projet de réintroduction de la tortue méditerranéenne ( Testudo Hermanni Hermanni) dans le parc de Garraf. (juin 1993 à novembre 2002) :
Pour l’implantation des tortues dans le massif , le système de relâchement ou de déplacement progressif a été choisi à partir d’une longue acclimatation surveillée. A cet effet, au total 1 159 spécimens en 10 ans (dont 561 resteront en observation dans les enclos) ont été sélectionnés, 598 ont été libérés, un total de 76 bébés nés dans la zone de réintroduction ont été détectés, et nous avons confirmé l’expansion de l’espèce.
La mortalité de la population réintroduite est estimée à 25,1%, et le nombre de tortues estimé jusqu’au printemps 2002 suivant la méthode de Jolly Seber, utilisé dans d’autres populations de testudinidés, serait de 701 individus. Pour que le projet continue à se développer correctement, il est nécessaire de minimiser l’impact possible des incendies de forêt, de renforcer les mesures de surveillance pour détecter les pillages de tortues destinées au marché illégal des animaux de compagnie, d’ isoler les populations de sangliers (une espèce redoutable de prédateurs), de réduire les risques dus aux surveillances motorisées de la réserve ou des zones de réintroduction (un facteur qui cause des décès par accident), et favoriser de nouvelles zones de libération, afin d’offrir plus de possibilités de survie en cas d’incendies de forêt.
INTRODUCTION :
La tortue méditerranéenne (Testudo Hermanni Hermanni) (Gmelin, 1789) fait l’objet d’un programme de conservation coordonné par le Département de l’environnement de la Généralité de Catalogne, qui vise à consolider et recoloniser les anciennes aires de distribution de cette sous espèce de tortues (Parellada, 1997).
Le Parc del Garraf, un espace protégé géré par le Service du Parc Naturel de la députation provinciale de Barcelone, a été choisi en 1992 pour commencer le premier projet de réintroduction de l’espèce dans les chaînes de montagnes et les massifs côtiers. Ils ont soutenu l’élection de cette zone qui réunit toutes les bonnes conditions pour accueillir l’espèce, les découvertes fortuites et répétées des tortues méditerranéennes au cours des cent dernières années (Lozano et Tarín, 1994), le fait de rassembler les dispositions légales qui protègent l’habitat et, logiquement, les exigences écologiques pour la subsistance de l’espèce.
Pour le projet, des spécimens appartenant exclusivement à Testudo Hermanni Hermanni sont sélectionnés, suivant les paramètres morphométriques décrits pour la sous-espèce (Chey-Lan, M., 1981) et les paramètres physiopathologiques décrits chez des animaux sains (Martínez Silvestre, A. Soler Massana, J., 2000a).
Dans la première évaluation globale du projet, réalisée depuis ses débuts jusqu’en aout 2000, il a été conclu que le taux de survie des 401 spécimens introduits (constat de décès de 45 spécimens) était de 74,43 % (Soler Massana, J. et al., 2002) . En septembre 2002, ce pourcentage s’élevait à 74,90% , avec un total de 598 sujets relâchés (population viable estimée à 445 sujets) (Tarín, R., 2002).
MATÉRIAUX ET MÉTHODES
En 2002, il y a eu 14 sorties de 598 tortues dans différentes zones de la réserve . Tous les spécimens ont été marqués et individualisés suivant la méthode d’incisions pratiquées dans la carapace (Bury, RB, Luckenbach, RA, 1977) modifiée et adaptée pour la tortue méditerranéenne.
Toutes ces tortues proviennent des 1 159 spécimens sélectionnés dans le cadre du projet et installés dans l’enceinte d’acclimatation de 905,4 m2 située dans le parc, qui en même temps a servi de dernier filtre ou contrôle avant libération. Nous pouvons observer, alors, que 317 spécimens sont morts dans l’enceinte, remplissant les fonctions pour lesquelles elles ont été conçues : le contrôle des tortues qui n’auraient pas supporté les conditions de liberté et qui ont indiqué un syndrome d’inadaptation ou diverses maladies. Cependant, sur les 598 tortues libérées, 82 ont également été retrouvées mortes ou avaient une conduite anormale, ce qui a motivé le retrait (apathie, mort, etc.).
En 1993, un échantillon de 6 spécimens identifiés avec des émetteurs radio a été suivi, mais tous sont morts en raison d’un feu de forêt (Soler et al., 2002). En 1995, une deuxième version de 13 spécimens a été faite avec des émetteurs et dans un nouvel endroit moins vulnérable aux incendies. Dans les années suivantes, le système de capture / recapture a été utilisé suivant les chemins prévus dans la zone de libération. Ce suivi est effectué au moins quatre fois par mois pendant toute la période d’activité des animaux. Toutes ces données ont été utilisées statistiquement pour calculer approximativement la population réelle de tortues au printemps 2002. Pour ce calcul, des formules ont été utilisées qui ont été utilisées dans d’autres groupes d’animaux tels que la méthode de Jolly Seber, utilisée dans des programmes de recherche sur les tortues greacas au parc nationale de Doñana (Andreu et al., 2000). Cette méthode permet de calculer le nombre de tortues dans une population réintroduite qui a des naissances et des pertes, ainsi que la découverte accidentelle, cas totalement applicable au Parc del Garraf. Dans cette méthode, le pourcentage recapturé pour les individus relâchés a été supposé être de 80% (c’est-à-dire que 80% des animaux capturés lors d’une journée de prospection ont déjà été capturés à nouveau).
Si un animal a été blessé mais vivant, il a été référé au CRARC. Si une tortue a été trouvée morte, la numérotation de l’individu a été lue et retirée.
Toutes les juvéniles trouvées d’une taille et d’un âge donnés (2 ans) ont été marqués selon le même système que les adultes.
RÉSULTATS :
Le nombre total d’animaux libres estimés en 2006, selon la méthode de capture-recapture serait de 1.120 (choisis parmi 1.997 détenus en enclos au centre), ce qui représente un taux de survie de 74,90%. Ce pourcentage très élevé permet de penser que, bien qu’étant une estimation, elle n’est pas loin de la réalité.
122 sujets ont été détectés comme nouveau-nés (Tarín, R., 2002) et ont également été ajoutées aux statistiques. Des jeunes et des subadultes ont été repérés en dehors des zones de libération de départ. Cette situation montre que l’espèce colonise de nouvelles zones, et notamment des espaces favorables à la ponte pour les femelles.
Au cours des années de suivi, des dispersions significatives ont été confirmées, réalisées par des mâles. Les comportements erratiques des tortues méditerranéennes sont un autre élément de leur éthologie.
On remarque la destruction du territoire et la prédation sur les pontes et les juvéniles, ainsi que des tentatives de prédation sur des tortues adultes, dans les nouvelles zones de colonisation, ceci pourrait être le résultat d’une augmentation du nombre de sangliers dans le parc de Garaf ainsi que la présence de carnivores sauvages constatés par caméra infra rouge.
Le nombre total de tortues estimé au printemps 2002, suivant la méthode de Jolly Seber, et compte tenu du nombre total de tortues (marquées et nouvelles pour les naissances ou découvertes accidentelles), ainsi que de la mortalité pendant ces années, est de 701 individus .
La sélection des spécimens pour les inclure dans l’ensemble de la libération pose des problèmes de gestion qui affectent, entre autres, la proportion correcte des sexes de la population réintroduite.
MISE A JOUR :
Avec la méthode Schnabel (Estimation de la densité de population a partir des captures-recaptures)on estime que La population du recensement en 2007 était de 1 611 individus, en 2008 et 2009, de 1 477, et enfin en 2010, de 1 411. Cette méthode fiable permet de savoir le nombre d’animaux marqués depuis le début du projet. Dans les années antérieures , les résultats obtenus ont été approximatifs. La densité de la population est stable, en légère diminution lors des derniers recensements, il est prévu de de corriger les tendances négatives qui l’affectent, comme les feux et les prédateurs.
2/PROJET DE (RÉINTRODUCTION) CRÉATION DE POPULATIONS DANS LA ZONE DU PARC NATUREL DE LA SERRA DE MONTSANT
Le projet de création d’une nouvelle population (réintroduction) de la tortue méditerranéenne (Testudo Hermanni Hermanni) dans le parc naturel de la Serra del Montsant fait partie du plan général de récupération des espèces en Catalogne.
Le programme d’actions débutera en 2005 en collaboration avec le gouvernement des Îles Baléares et sera situé dans le périmètre du Parc, dans des zones considérées comme potentiellement favorables au développement de l’espèce.
La présence historique de la tortue dans les territoires de Montsant a été documentée dans le site néolithique de l’abri du Filador (Margalef de Montsant).
Les spécimens utilisés dans le projet seront principalement donnés par les centres de récupération de la faune existant en Catalogne, bien qu’une partie importante du personnel sera à l’origine des installations privées qui collaborent avec le Département de l’Environnement et du Logement de la Généralité de Catalogne pour l’élevage de l’espèce. Comme il arrive dans le projet de réintroduction de la tortue méditerranéenne dans le Parc Naturel du Garraf, la participation des citoyens à la récupération de l’espèce a une importance particulière.
Les premières actions du programme envisagent la pose d’émetteurs sur des spécimens libérés afin d’évaluer leur implantation dans les nouveaux territoires. L’avenir de la tortue méditerranéenne en Catalogne est nécessairement dû à la conservation de l’habitat qui occupe la dernière population naturelle de la Serra de l’Albera. D’autre part, la consolidation et le suivi de ce noyau naturel ainsi que les populations introduites et réintroduites du Parc Naturel du Delta de l’Ebre et du Parc du Garraf doivent être réalisés. Cependant, il est nécessaire de promouvoir la création de nouvelles populations dans la zone de répartition historique et potentielle de l’espèce, afin d’établir un réseau espace-abri en Catalogne.
Dans le cadre des lignes directrices de gestion des espèces établies par le ministère de l’Environnement et du Logement (DMAH) de la Généralité de Catalogne, il envisage la création de nouvelles populations de tortues méditerranéennes dans la zone historique et potentielle, et est souligné le besoin scientifique et culturel de préserver la seule tortue du pays de la Principauté. Les actions visant à atteindre les objectifs fixés par la DCE ne peuvent être réalisées avec des garanties d’avenir si les paramètres négatifs qui affectent la subsistance de l’espèce sont présents.
Le projet de création d’une nouvelle population de tortues méditerranéennes dans le Parc Naturel de la Serra del Montsant (Priorat) aura comme zone d’action les territoires situés dans les secteurs les plus favorables pour l’espèce, et où il est a été trouvé des fossiles historiquement attribués au Testudo Hermanni.
Les avantages d’initier un projet de conservation dans un secteur protégé et géré durablement, empêchent les problèmes d’entrée et les conflits qui pourraient survenir dans les espaces d’utilisation privée. Le Parc Naturel de la Serra del Montsant, devient un lieu soumis à un système de protection, avec une réglementation des usages (agricoles, forestiers, d’élevage, de chasse et de loisirs) et des activités (toute activité qui présente un risque pour la conservation de l’espèce ou des systèmes naturels). La législation en vigueur en Catalogne impose, en ce qui concerne les parcs naturels, des restrictions au niveau de l’urbanisation de la zone. Les accès motorisés sont également réglementés dans leur démarcation, d’une importance vitale, quand il est prévu dans le cas de la tortue, d’être implantée sur le territoire. Toutes les restrictions sur les activités humaines contrôlées dans les zones protégées garantissent leur durabilité. Conditions nécessaires au développement de projets de restauration de l’habitat et de la faune.
L’une des prémisses les plus importantes pour réaliser des projets de conservation de la faune est de favoriser un climat sociopolitique propice à l’action. Dans le cas de la tortue méditerranéenne, toutes les approches permettant de sensibiliser la société dans son ensemble à la nécessité de la préserver dans le cadre du patrimoine naturel de la Catalogne affecteront directement la gestion future de l’espèce. Les travaux de conservation de toute espèce ne peuvent pas commencer sans la citoyenneté. Dans le cas de la tortue méditerranéenne, toutes les approches permettant de sensibiliser la société dans son ensemble à la nécessité de la préserver dans le cadre du patrimoine naturel de la Catalogne est la nécessité de faire participer directement la société est un trait distinctif dans le cas de la gestion de la tortue méditerranéenne qui la distancie fortement des critères utilisés dans d’autres projets de conservation menacés par la faune en Catalogne (SOLER et al., 2005 ).
Ainsi, certaines des sujets qui seront utilisées dans le projet proviendront d’autres sources que des installations collaboratrices du Département de l’Environnement et du Logement de la Généralité de Catalogne. Actuellement, un réseau de 39 établissements privés autorisés par le DMAH, produit environ 200 naissances annuels destinés au projet de réintroduction des tortues au Parc Natural de Garraf.
Les premières phases du programme d’implantation de tortues dans le Parc Naturel de la Serra del Montsant envisagent le placement des émetteurs dans les spécimens libérés afin de suivre leur comportement dans le nouveau territoire.
MISE A JOUR :
Régulièrement des tortues d’hermann sont libérées dans la réserve. En novembre 2016, on recense depuis la création de la réserve, plus de 3 039 spécimens introduits en 75 relâchers dans 5 zones différentes du parc.
3/ÉTUDE SUR LE DÉPLACEMENT ET LA SURVIE DE JEUNES TORTUES MÉDITERRANÉENNES (Testudo hermanni hermanni) A LA SERRA DE L’ALBERA (PYRÈNES ORIENTALE, CATALUNYA) JUIN A OCTOBRE 2003
Le centre CRT est une petite structure qui relâche des juvéniles nées dans l’établissement, une page du site lui est consacré
MATÉRIEL ET MÉTHODE :
La zone de l’étude correspond à une zone située dans l’EIN de l’Albera.
La végétation de la zone est formée par une forêt ouverte de châtaigniers (Quercetum ilicis quercetosum suberis) avec des zones de broussailles méditerranéennes ou de broussailles de silice (Cisto-Sarothamnetum catalaunici). Au fond de la vallée il y a une végétation typique de ronces avec quelques arbustes et un petit champ avec des herbacées et des amandiers.
L’étude a été réalisée avec 10 individus de 59 à 75 millimètres de longueur, de deux ans de vie, nés au Centre de Reproduction d’Albuer Tortugues avec numérotation individualisée avec contrôle de la longueur et du poids de chaque individu ( moyenne pondérale: 57,5 grammes). Un émetteur radio a été placé (BIOTRAK, TW-4 Ag386, 3,5 grammes de poids)
et une durée certifiée de quatre mois, fixant avec un adhésif cyanoacrylique sur le dos de la dossière et recouvert d’une couche de silicone afin de ne pas laisser d’éventuels points d’ancrage dans l’environnement et permettant une localisation ultérieure des individus. Le poids de l’émetteur représente 6% du poids moyen des tortues.
Ceux-ci ont été publiés au milieu et sont périodiquement situés de juin à octobre 2003.
A chaque endroit, le point précis a été enregistré et les mesures biométriques de longueur et de poids ainsi que l’état ou l’activité de l’individu ont été pris.
Avec ces données obtenues, la survie des individus relâchés sera considérée
pendant la période d’étude.
Le taux minimum de survie assurée est le résultat de la capture de tortues vivantes à la fin de l’étude.
RÉSULTATS :
Les 10 tortues ont été relâchées le 3 juin 2003 et ont été suivies pendant quatre mois, dans 13 jours complets d’échantillonnage, se terminant le 16 octobre.
Le premier résultat est que le taux de survie minimum est de 30% (3 exemplaires récupérés vivants avec l’émetteur radio) et la mortalité minimale assurée de 20% (1 perte, supposé, par déshydratation et / ou surchauffe et 1 faible pour déprédation). Avec cela on observe que la mortalité minimum garantie par la déprédation est de 10% (contrairement à la déprédation de 52% au Cap de Creus).
Le signal de 50% des individus ayant un émetteur radio a été perdu et il n’a donc pas été possible de conclure quel a été le sort de ces unités. Cette perte de signal peut être due à l’épuisement de la batterie de l’émetteur, à un faux contact ou simplement au fait qu’il a été endommagé du fait de l’activité de la tortue au milieu de la garrigue. Une autre possibilité pourrait être que la tortue s’est déplacée loin du périmètre de la zone d’étude et donc le signal de l’émetteur est perdu, comme cela s’est passé avec une tortue marquée qui se trouvait à plus de 800 mètres du lieu de libération. Une disparition possible par capture humaine serait, dans ce cas, écartée.
La bonne adaptation des tortues libérées a également été constatée. Ceci est montré par l’augmentation moyenne du poids, dans toutes les récupérations à la fin de l’étude, qui est de 19,89%. L’augmentation de la taille était de 4,27% de sa longueur totale de dossière.
De même chez les tortues dont le signal est perdu, tout au long de l’étude, nous notons une évolution et un poids favorables.
CONCLUSIONS :
La première conclusion qui peut être tirée de ces résultats serait que la mortalité minimale garantie détectée dans cette étude est de 20% et est conforme aux paramètres naturels de l’autre espèce cogénétique Testudo Graeca, qui est de 21,6% à Doñana. (Andreu, 2000).
Il convient également de noter que les individus relâchés étaient en sous poids qu’à un moment critique, comme dans le cas de cet été avec des températures beaucoup plus élevées que d’habitude, l’extrême sécheresse de la végétation et le manque d’eau pourraient influencer la difficulté à survivre. Cela peut être la cause de l’individu trouvé mort (n ° 2154), sans aucun signe de violence ou de déprédation.
Un certain degré d’incertitude des résultats est donné par 50% des individus non récupérés, 5 ne parviennent pas à émettre, attribuable fondamentalement à d’éventuelles défaillances techniques des émetteurs radio.
De cette façon, nous rejetterions la prédation, car les prédateurs ne nuisent généralement pas à l’émetteur, comme cela a été prouvé dans ce même travail ou dans les précédents qui ont été réalisés à Albera et Cap de Creus.
En comparant les résultats de cette étude avec le fait en 2001, également à Albera et avec un échantillon de 10 tortues, des résultats presque identiques sont donnés. Différent est le cas des résultats de suivi qui ont été faits au Cap de Creus pendant une période de trois ans, où la mortalité est de 61,7%, très différente de celle d’Albera (20%).
Une bonne adaptation à l’environnement est évaluée par l’augmentation du poids et de la taille des tortues pendant les mois d’étude.
4/ LE PROJET DE CONSERVATION DE LA TORTUE D’HERMANN DANS LE PARC NATUREL DU DELTA DE L’EBRE
Dans cette continuité, en Catalogne, les actions visant à renforcer la population de l’Albera sont menées à partir d’individus provenant d’élevage en captivité et des actions menées par le Centre de Reproduction des Tortugues de l’Albera (CRT) et du Parc Naturel d’intérêt National de l’Albera. Le parc naturel de Delta de l’Ebre a initié en 1983 un projet de Conservation dans laquelle les premières tortues ont été relâchées dans ce parc à partir de 1987 (Bertolero et Martínez-Vilalta, 1998). Alors que ce n’était pas strictement un projet de réintroduction, puisque dans la zone où elles ont été libérées, il n’y aurait pas eu de tortues. Cependant un texte d’un chroniqueur Christofor Despuig daté de 1557 nous informe qu’elle habitait la province de Terragone au moins dès le XVIe siècle. Depuis 1980, aucun individu n’a été trouvé dans cette zone.
LE PROJET ET SON SUIVI :
Deux iles du parc furent choisies pour y relâcher les tortues. En septembre 1987, 24 tortues furent relâchées dans la 1ere ile, puis 20 autres l’année suivante. La seconde phase d’introduction date de 1997 où l’on a introduit à nouveau 11 spécimens, et encore 11 en 1998. Dans la seconde ile, 9 tortues furent libérées en 1990, 5 en 1993, 4 en 1998, et 6 en 2001.
Entre 1987 et 1990, la zone fut visitée sporadiquement afin de vérifier la survie des individus et leur reproduction. Un suivi plus intensif et continu du noyau de la 1ere ile a été effectué de 1991 à aujourd’hui. Le suivi de la population de la 1ere ile a été moins fréquent. Le site est observé de mars a octobre, de sorte que toute la période de fortes activités a été couverte. Durant toutes ces années, il a été recueilli des informations sur l’évolution de la population par capture, marquage et recapture. Il a été noté divers paramètres biologiques tels que des données sur l’alimentation, la croissance des juvéniles, la thermorégulation, les domaines vitaux. Les rythmes d’activité par jour et par année. L’hivernage, la reproduction et les paramètres hématologiques.
RÉSULTATS LES PLUS REMARQUABLES :
Les tortues introduites au début du projet (1987 et 1988) présentent un haut taux de survie annuel (de l’ordre de 96%), semblable entre sexes et constant au long des années pendant lesquelles elles ont été dans la nature. Ce résultat par lui seul permet de déduire que les premières tortues relâchées se sont vite et bien adaptées au nouveau milieu, qui s’est avéré optimal pour satisfaire leurs besoins vitaux. Ainsi, l’habitat a offert des sites appropriés pour se réfugier, s’insoler et se nourrir durant toutes ces années. La qualité de l’habitat est en effet un des principaux facteurs influençant le succès dans la plupart des projets de réintroduction sur différentes espèces animales. (Griffith, 1989).
Depuis 1988, on a pu vérifier que les tortues relâchées se reproduisaient dans la nature on a trouvé chaque année, des nouveaux-nés lors de nos recensements. Leur reproduction est régulière quoique avec une intensité variable. On a aussi vérifié que les tortues nées dans la nature ont atteint l’age adulte et, pas conséquent, se sont reproduites. On estime que l’on a même déjà observé des nouveaux-nés de la deuxième génération. Les femelles nées dans les iles commencent à se reproduire dès l’age de 8 ans, tandis que les males dès qu’ils ont 7 ans, présentent des comportements reproducteurs. Ces ages sont beaucoup plus jeunes que ceux des populations naturelles de la sous espèce occidentales mais semblables à ceux de certaines espèces orientales (boettgeri) . Les conditions d’habitat étant très favorables à la ponte, les femelles de cette population, à la différence d’autres populations, ne font pas de déplacements migratoires vers des sites de pontes hors de leur secteur. Les domaines vitaux des femelles (1.4 hectares) sont donc plus petits que ceux des mâles (1.9 hectares). Les dimensions des espaces vitaux des tortues nées dans la nature augmentent au fur a mesure de leur croissance. Pendant la première année de vie, une tortue occupe 0.2 hectare, et à partir de 7 ans jusqu’à 1.4 hectare, quoique que ces dimensions soient très variables selon les individus.
A partir de la 1ere ile occupée, quelques tortues ont migré vers des iles proches,de façon a coloniser en permanence deux autres iles, ou elles se reproduisent régulièrement chaque année. Six autres iles ont été occupées sporadiquement par des tortues en voie de dispersion, mais sans arriver pour autant à former des noyaux reproducteurs. Pendant les 15 premières années, un minimum de 463 tortues sont nées dans la réserve descendant des 44 tortues relâchées au début du projet dans la 1ere ile. On étudie maintenant le processus d’adaptation, des tortues relâchées en 1997 et en 198 qui trouvent des conditions differentes de celles relâchées en 1987 et 1988 (un milieu ou il y’a déja une population de tortues contre un milieu vide de tortues dans le passé). Les premiers résultats montrent que les tortues introduites au sein d’une population établie (cas des renforcements des populations)présentent des problèmes d’adaptation, a cause, peut être, des procès de compétition entre des individus de la même espèce. Bien que préliminaire ce résultat est très important puisqu’il montre qu’une meilleure strategie pour réintroduire des tortues dans les zones ou il y a encore des tortues,serait alors de les relâcher dans les zones de très faibles densité ou en périphérie d’une population existante et non pas dans les zones occupées.
COMMENTAIRE FINAL :
Même si la réintroduction des chéloniens est une stratégie qui, dans certaines circonstances, permet de créer des populations viables il est évidement préférable de préserver et de gérer efficacement les populations encore existantes, avant d’utiliser de telles mesures de conservation. Le choix pour le parc d’Ebre a été le résultat d’un compromis entre divers paramètres. La qualité de l’habitat et sa gestion au sein du parc naturel ainsi que sa protection légale offraient des conditions optimales pour l’implantation de la tortue d’Hermann. Cette expérience prouve que la taille du lot fondateur n’a pas besoin d’être important pour que l’opération soit un succès. Cela permet de sélectionner avec plus de rigueur les tortues pour l’opération. De tels résultats n’auraient pu être atteints si un suivi sur le long terme n’avait pas été fait, en effet un suivi à longue échéance est indispensable pour assurer un tel succès. Un personnel compétent ainsi que des financements suffisants font partis du bon déroulement de telles opérations.
Sources :
Albert Martínez Silvestre Centre de Récupération d’Amfibis et de Rèptils de Catalunya (CRARC) Masquefa
Un zoo en casa.com
Manouria n°17 de décembre 2002
Manouria 10 (36) septembre 2007
Publié le 26 janvier 2018