Nombreuses sont les tortues élevées en captivité, présentant des plaques osseuses de forme pyramidale se développant au niveau des écailles.
Les causes de la formation de ces excroissances ne sont pas encore expliquées avec exactitude par la communauté scientifique.
Je vais rapidement expliquer mes théories sur ce phénomène.
Tout d’abord, c’est une erreur de croire que tous les spécimens doivent se développer de la mème façon. C’est un fantasme entretenu par tous les propriétaires de cet animal. Il en est de même dans la nature, des spécimens peuvent être trouvés avec des dossières imparfaites dans chaque population. Ce n’est pas toujours pathologique. Les carapaces de tortues parfaitement lisses et sans défaut peuvent encore être découvertes dans des lieux ignorés par la civilisation et préservés de l’urbanisme.
Tortue Dalmate lisse dans une vallée proche d’une rivière en Croatie
Testudo Hermann Boettgeri présentant un gonflement des écailles vertébrales en GrèceTestudo Hermann Boettgeri en Grèce, la carapace est lisse mais l’animal est atteint d’un affaissement au niveau de l’arrière de la dossière
Testudo Hermanni Hermanni Toscane avec une dossière en dôme anormalement haute
Une légère déformation n’est initialement pas pathologique en elle-même et n’apporte aucune déficience à l’animal.
Cause du tobleronage
On présume que l’origine de cette déformation est due à un substrat trop sec.
Cependant, grâce à mes nombreuses années d’observation dans la nature, je suis arrivé à la conclusion que la forme simple de tobleronage n’est pas liée exclusivement à une humidité ambiante trop faible, mais plutôt au bilan hydrique de la tortue.
Fondamentalement, les tortues vivent dans des habitats où il règne une forte hygrométrie.
Je trouve régulièrement des animaux à croissance régulière dans des populations localisées près de nombreux points d’eau.
Les spécimens présentant des excroissances de la dossière se trouvent principalement dans des zones arides sans plan d’eau à proximité avec un niveau correct d’humidité ambiante.
J’ai trouvé des tortues extrêmement déformés dans un habitat côtier très aride et sec en Sardaigne. La sécheresse s’y est aggravée ces dernières années en raison du manque de précipitations, de sorte que ,chaque été, des centaines de spécimens meurent de déshydratation.
Pénurie d’eau en Sardaigne pour cette Hermanni Hermanni
Je connais des éleveurs qui entretiennent leurs tortues dans un substrat sec et une atmosphère humide et qui ont toujours des carapaces lisses. Cependant, ces propriétaires baignent régulièrement leurs juvéniles et leurs spécimens en croissance. Ces sujets ont pu ainsi équilibrer leur bilan hydrique interne.
Donc en principe, cette habitude devrait être suffisante pour une croissance en douceur des dossières si les tortues absorbent suffisamment d’eau. D’après mes observations et mon expérience, L’environnement et l’humidité contiguës purs n’ont pas de rôles majeurs sur le développement du tobleronage du moment que l’animal s’hydrate en buvant ou se baignant.
Dans le cas de jeunes tortues (également pour des adultes), un substrat humide et une hygrométrie élevée sont toujours vitaux. Les tortues absorbent l’humidité par la peau. L’humidité élevée est toujours présente dans leurs habitats et infiniment importante pour leur système respiratoire.
Dans la nature et en captivité, cette cause unique d’humidité ambiante trop basse ne porte pas atteinte à la santé de la tortue.
Maintenant, il faut observer le squelette de l’animal et les dégâts que peut occasionner le tobleronage comme le montre les deux illustrations suivantes :
Le squelette appartenait à une jeune tortue nourrie avec des aliments d’origine animale. L’intensité des bosses sur la carapace endommage également la colonne vertébrale. J’ai prélevé le squelette suivant en Sardaigne à des fins d’illustration. Il provient d’une zone proche de la mer et donc très humide. Bien que la dossière pressente des bosses relativement importantes, la colonne vertébrale s’est développée normalement et n’assure aucun dommage pour la santé de l’animal.
Le vrai problème n’est pas le tobleronage « primaire », mais les soins associés par les humains qui ne correspondent pas aux besoins des tortues. Le régime trop riche en protéines associé à une absorption d’eau trop pauvre, sont les responsables de déformations pour les tortues maintenues en captivité. 70% de la masse d’une tortue est composée d’eau, une perte de fluides corporels de 10% peut déjà provoquer des troubles métaboliques.
La présence d’une coupelle d’eau ne signifie pas nécessairement que l’animal absorbe suffisamment de liquide.
Malheureusement, ce besoin est délaissé, car le problème n’est pas reconnu !
Puisque le régime alimentaire que reçoit nos tortues en captivité, ne peut être comparé à celui dont elles se nourrissent dans leurs habitats naturels, elles ont besoin de beaucoup plus d’eau pour une croissance saine, que leurs congénères sauvages .
L’apparition sévères des bosses se produit uniquement lorsque les tortues méditerranéennes ne sont pas détenues et nourries naturellement.
La bonne maintenance à adopter pour l’espèce détenue commence par le choix d’une alimentation naturelle appropriée, vous pouvez en apprendre d’avantage à ce sujet sur mon site et plus en détail dans mes deux livres qui traitent de ce sujet.
Je voudrais souligner seulement deux points à ce stade.
1. Les tortues européennes sont des herbivores purs et ne devraient pas être nourries avec des aliments d’origine animale. Ceci est particulièrement vrai pour les tortues en croissance. Bien qu’il ai été dit à plusieurs reprises que les tortues européennes ne mangent pas spécifiquement de viande ou de charogne dans la nature, elles se nourrissent exclusivement de nourriture végétale.
2. Un fort gradient de température jour / nuit est également essentiel pour la santé des tortues européennes. Dans les habitats, cette différence de température est régulièrement de 20 degrés et plus!
Oui, vous avez bien lu, vingt degrés.
C’est ce que vous pouvez lire dans mes livres « Attitude naturelle et élevage de la tortue européenne » et « Tortues européennes, habitat et mode de vie ».
Donc, encore une fois, les bosses , même si elles se produisent également chez les tortues sauvages, sont régulièrement chez les tortues européennes une indication que leur bilan hydrique est déséquilibré.
Cela devrait rassurer des propriétaires de tortues imparfaites au niveau de la dossière malgré un régime approprié (bien qu’elles soient détenues en captivité), ce n’est pas un problème de santé, car dans la nature ce phénomène s’observe également sur des sujets sauvages.
Wolfgang Wegehaup est l’auteur de ce texte en Allemand dont j’ai obtenu l’aimable autorisation de le traduire, vous pouvez trouver l’original de cet article sur son site internet où son fils Manuel en est le chroniqueur.
Grand passionné de tortues depuis plus de 50 ans, Wolfgang Wegehaup est l’auteur de nombreux ouvrages publiés également en anglais, vous pourrez les découvrir à cette adresse.
Publié le 5 janvier 2018